Un jour le papillon dit à la demoiselle :
« Je vous vois tous les jours chasser les moucherons
Au dessus du ruisseau, des iris d’eau, des prèles ,
Aussi permettez-moi une proposition :
Lequel de nous parvient le premier à ce hêtre”
Sous lequel le troupeau, quand il fait chaud, va paître ?»
C’est ainsi que parla notre bel étourdi.
Ayant de La Fontaine étudié les écrits
Au temps des classes studieuses,
La maline alla droit au but qu’il avait dit
Et fut sacrée victorieuse .
Moralité(s) :
« Papillons, prenez garde à la gent libellule
Si vous ne voulez pas vous rendre ridicules.»
« Et vous, mes chers enfants, relisez La Fontaine,
Qui peignit finement la comédie humaine ,
Fut — perruque larguée — un proto-écolo,
Et très, très librement croqua les animaux :
Son lièvre — qu’il montra ailleurs comme un couard —
Raille Dame Tortue de manière vilaine,
Prend tout son temps, telle une loche en sa Touraine ,
Enfin oublie sa course et perd … fatal retard ! »
« Ah, non ! ça ne va pas, Monsieur de La Fontaine !
Il nous arrive à tous, certes, d‘être distraits,
Mais dès lors que notre amour-propre est impliqué,
Qu’on est piqué au vif, qu’on se sent défié,
Une peur nous saisit : peur de perdre la face
Et d‘être la risée des railleurs qui jacassent ;
Votre lièvre étourdi, vaniteux, goguenard
Est, quand il faut courir, un minable tocard ;
Je les crois peu nombreux, ces bouffis de jactance
Légers au point d’en oublier la concurrence ;
N’ayant pas rencontré de tels antihéros,
Je préfère oublier votre pauvre zéro.
Il est bien rare qu’un de vos récits me gêne,
Moi qui vous aime bien, Monsieur de la Fontaine.»
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A quoi un autre admirateur du fabuliste répond :
« Le poète tenait à tirer de sa fable
Tout le suc d’un enseignement ;
Alors, que son héros soit ou non vraisemblable,
Il s’en fichait éperdument ! »
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Devinette :
Où croyez-vous que l’on trouve la forme « maline »(au lieu de « maligne ») utilisée ci-dessus ? —Sous la plume de Jean de la Fontaine , Fables VI.