Le droit de vie et de mort, le dit de l’infirmière

Quand je pense à ce droit des anciennes justices,
A ce droit des jurés d’envoyer à la mort,
(On nous dit qu’ils frappaient vraiment très fort !)
Je compare à ce que je vois dans mon service:

J’entends se confier une femme esseulée
Qui d’avance vomit tous nos laïus moraux;
Elle n’attend de l’hôpital que d’être aidée
A se débarrasser de son gênant fardeau;

Elle a pris son plaisir avec son compagnon ,
Un gars plutôt gentil et d’humeur rigolarde,
Mais est venu le temps des silences grognons,
Et de l’argent qui part et de sa défilade;

Leur couple mécontent d’un embryon à naître
Qui leur semblait bien laid dès le premier regard ,
Après qu’à la poubelle il l’ait fait disparaître,
Se change les idées dans les alcools d’un bar;

Ce droit que Mitterand expulsa par la porte,
Pensant que désormais la bête était bien morte,
Il est rentré à l’hôpital par la fenêtre !