Mon chien, mon bon gros chien,
Quand il m’entend de bon matin,
Ouvre un œil, puis vers moi s’élance
Et déborde d’exubérance :
Il crie, il pleure, il devient fou,
Il chante, il danse, il s’émerveille,
Puis, se dressant, il aime itou
Me chatouiller visage et cou
Avec bisous dans les oreilles !
Mon chien, mon bon gros chien
Vient près de moi et se tortille ;
Posant sa tête sur mes genoux,
Il chavire, il fait les yeux doux :
Fini la pluie, patron, le soleil brille,
Les giboulées sont parties loin,
Nous pouvons nous mettre en chemin,
Je fouillerai le cœur des haies
Et toi, de champignons tu auras ta poêlée.
Mon chien, mon pauvre chien,
Est resté seul tout un matin ;
Dans mon fauteuil s’est morfondu,
N’a rien mangé et n’a rien bu;
Nous entendant passer le seuil,
Tout aussitôt il nous accueille :
Un patte dans sa gamelle,
Il en racle le carrelage,
Qui ne comprendrait ce message ? (1)
Dans ses bons jours, bon chien fidèle
Il m’apporte mes vieux chaussons,
Hommage à son maître et patron.
Lentement vient mon bon gros chien
Et sa tête basse m’avoue :
Oui, je suis sorti au jardin
Dans la pluie, les flaques, la boue,
J’ai cru entrevoir un lapin,
Mais c’était le chat des voisins ;
Au lieu de chercher la bataille,
Il a filé dans les broussailles ;
Je n’ai pas compris tout de suite
La perfidie de sa conduite ;
Sachant que je serais grondé
Du haut d’un mur il souriait;
Sur ce, j’ai sali des carreaux,
Et l’on m’a traité de “corniaud” .
Mon chien, mon bon gros chien,
D’un jeu bruyant s’évade enfin ;
Il s’affale à mes pieds et là, ses pleurs murmurent :
Tu le sais, toi, tes trois garçons
Me mènent parfois la vie dure,
Mais devant eux, tu sais, je fonds.
Que devrai-je faire aujourd’hui ?
Je dois escorter le petit ;
Après, je répète à l’école :
(Du Grand Méchant Loup j’ai le rôle)
Et enfin j’irai au marché
Avec des sous dans mon panier.
Grandes joies, moments difficiles,
Ce n’est pas un fleuve tranquille !
(1) message envoyé par un grand setter irlandais.