Mon haïku

Connaissez-vous les haiku(s) ?  J‘en ai reçu un recueil
au Premier de l’An, alors j‘ai eu envie d‘en écrire un ; le voici :

« Au fond du tiroir,
Dans le noir,
Ma boussole
Indique-t-elle encor
Le Nord ? »

J‘étais heureux et fier d’avoir trouvé une pensée philosophique d’une telle profondeur et de l’avoir habillée élégamment ; aussi, à la première occasion, ai-je soumis mon hai-ku à l‘appréciation de mon ami Katzuyouki Takamucha.
Il est parti d’un petit éclat de rire : « Hihihihi ! » qui m’a beaucoup vexé. Je lui ai demandé alors : « Que se passe t-il, Katzuyouk ? »  et il m’a répondu dans son français hésitant mais qu’il améliore vite (à l’Institut de Touraine) « Dans un haïku, presque jamais exprimer la possession, ne pas dire ma boussole, parce que le hai-ku est méditation très très haute » (il montre le ciel) « et les objets matériels sont très … (geste montrant la terre) très bas, très (longue hésitation ) très mépris!
Rime aussi,..(air dégoûté ) pas du tout nécessaire … mépris !

Ton hai-ku est poème très (longue pause) très Occidental !  Vous, Français, voulez…clarté, logique ; Nippon, non ! »

« Eh bien, dis-je, « pourrais-tu m’aider à améliorer mon haiku ? »
Cette amélioration dure depuis trois mois. Cela est dû (un peu) au rire glaçant de Katzuyouki : il m‘énerve et du coup je fais des bêtises;” là-dessus j’entends de nouveau “Hihihihi !” mais c’est le rire d’un ami délicat qui n’ose pas me dire que j’écris des idioties, le rire insatisfait d’un être sensible qui devine qu’il me fait de la peine, bref un rire jaune.

Ces derniers temps, mon haiku est devenu :
« Tiroir
Noir,
Boussole
Nord ? »

Mais à entendre le rire de Katzuyouki, je sens bien que ce fils du Pays du Soleil Levant n’est pas plus heureux que moi : il doit juger mon haiku encore beaucoup, beaucoup trop occidental, beaucoup trop logique, beaucoup trop long  !

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Ce qui m’arrive est à peine croyable ! je viens d’apprendre que Katzouyouki n’est pas un vrai Japonais : il vient de rentrer chez lui en… Amérique du Sud. Dire que je l’ai cru ! Et dans un florilège de haikus, sur internet, je vais de surprise en surprise:
(1) En voici un, d’un bon observateur :
« Montagne. Rafale
La grêle s’engouffre dans les oreilles
Du cheval  »

(2) Ici une invective :
« Quel est l’abruti
Qui a pissé sur la neige fraîche ? »

(3) Enfin, humour discret :
« D’épouvantail à épouvantail
Volent les moineaux. »

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Ces aimables tableautins du florilège m’ont donné de nouveau envie de me lancer ; voici le résultat :
“La petite voisine japonaise
Dessine mo
n épouse Muguette :
Yeux bridés”

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